Village de Colombière, kilomètre 88, la deuxième difficulté Carrouxiène se présente : une montée au hameau de la Fâge dans des gorges abruptes et rocailleuses de toute beauté en plein jour, mais plutôt écrasantes de nuit malgré ma connaissance des lieux. Passé le « Mas » (en 50’) la grimpette se poursuit encore pendant environ 200m+  pour sortir enfin sur le plateau sommital, aride et tourmenté par un vent du nord tempétueux.
La veste Speed Trail est encore une fois la bienvenue dans se début de saison décidément bien frisquet... Les bourrasques de vent sont parfois si fortes que l’on à du mal à tenir debout !
Malgré tout je poursuis ma progression dans un rythme qui me paraît efficace à ce niveau de la course.
J’appréhende la redoutable descente du sentier des Gardes  (850m-  sur 4km) qui risque de s’avérer terrible pour mes orteils meurtris. Les 100km de course sont franchis.
Finalement  mes pieds ne me gênent pas tant que cela. Je le dois sans aucun doute au travail très efficace des podologues du ravitaillement  de Colombière.
Les cuisses aussi répondent plutôt bien, ce qui me permet de relier Mons dans un temps inférieur à Oscar Perez (sur l’édition 2012). Je pense alors à tout le travail de préparation hivernale que Jean Claude Banfi  m’a dispensé, avec  toutes ces séances de PPG pour lesquelles je me suis levé à 5h du mat, et me dis que ce n’était pas en vain !
A Mons, mes proches sont là avec Anne So et Nico pour la « technique ».
Je repars du ravito mais, pour une fois, je ne serai pas seul : Mon « Pacer », Eric Chaleyer, un copain Pompier excellent Trailleur qui connait le Carroux mieux que le doyen des Mouflons, m’emboite le pas pour cette dernière section de gros crapahut.
Mons, Olargues via le Montahut : c’est environ 17km et 1000m+ / 900m- pour en finir une bonne fois pour toute avec le Carroux.
Quel plaisir de pouvoir partager des moments comme cela avec un pot, même si, je dois bien avouer que la grimpette est plutôt raide !
Mais Eric me fait remarquer que le rythme est très bon et nous atteignons le sommet du Montahut en à peine plus de 2h.
Je m’aperçois que nos incessantes discutions de tout et de rien m’en font oublier que nous sommes parfois en train de courir là où peu de temps auparavant j’avais tout juste la volonté de marcher.
Nous basculons dans la descente sur Olargues que nous avalerons en 40mn (jusqu’à la route), ce qui nous permet d’atteindre le ravito dans un temps encore en dessous d’Oscar.
A Olargues il ne me reste plus qu’une petite trentaine de kilomètres.
Je repars motivé et confiant mais sans pacer cette fois-ci.
Jean Claude mon coach est avec moi : pas physiquement mais dans mes pensées, qui s’attardent à réaliser les bénéfices du travail mis en place depuis cet hiver...
Les kilomètres passent et me voici à Vieussan, où après un rapide ravitaillement je repars à nouveau en compagnie d’Eric pour les 17 derniers kilomètres... les plus durs !
La barre fatidique des 132km est franchie et c’est pour moi une belle façon de conjurer le sort : c’est en fait la distance maximale que je n’ai jamais réussi  à atteindre en compétition et d’un seul tenant ! Et, en plus j’ai encore la force de relancer... Génial !!
Je ne m’attarderai pas sur la dernière « grosse » montée, mise en place pour ne pas déranger un couple d’aigles Royaux... un vrai supplice de raideur. Heureusement que les chênes verts sont suffisamment proches les uns des autres pour nous servir de barres de tractions...
La Tour du Pin franchie, Il ne me reste plus qu’une poignée de kilomètres à tenir. 
Eric, toujours  à mes côtés me motive pour tenir un bon rythme et finir en moins de 21h. Je me revois sur la 6666 en 2012 sur des portions à « l’agonie », là où aujourd’hui nous trottinons à plus de 10km/h, je savoure en me disant qu’enfin je vais parvenir à boucler un grand Ultra.
Nous voici enfin dans la descente finale. Nous avons à nos pieds le village de Roquebrun et entendons Ludo, le speaker, nous encourager lorsqu’il nous aperçoit sur la colline. 
Dernier kilomètre à travers les ruelles, les spectateurs sont là et nous encouragent chaleureusement.
La ligne est en vue. Raphaël mon grand  garçon m’attend et court vers moi. Eric est toujours là et me serre la main. Raphaël grimpe sur mes épaules et nous franchissons la ligne. L’instant est magique !!!
Encore merci à tous pour votre soutient et vos pensées.
L’heure du repos est maintenant venue ...
 
Victoire en 20h53mn.
Les couleurs rougeoyantes qui dominent le paysage aux abords du Salagou donnent un côté « lunaire » à ce début de course.
Très vite nous basculons dans le cirque dolomitique de Mourèze et ses innombrables tours de calcaire. Je suis à ce moment là en seconde position derrière Patrice Marmet  qui progressivement me distance.
Le petit coup de fatigue (gastro et trachéite) du début de semaine se fait ressentir, et les sensations de fébrilité accompagnées de reflux gastriques me perturbent quelques peu. J’adopte donc une vitesse de progression prudente.
Arrivé au Pic de Vissou,  j’apprends que Patrick Bohard coéquipier du team Lafuma s’est égaré avec un autre concurrent et jette l’éponge pour se relancer sur la 6666 occitane.
Les collines s’enchainent les unes après les autres ponctuées de montées raides et descentes techniques, jusqu'à Vailhan où l’on m’annonce 6mn de retard sur Patrice.
Pas d’affolement, la route est très longue et le but est d’aller au bout...
A environ 6 km de Faugères je retrouve Patrice, qui, apparemment présente des problèmes de « ventre ». Je lui propose de rester avec lui jusqu’au ravitaillement de Faugères (km 48), où je retrouve mon équipe d’assistance de choc.
1 à 2 mn suffisent et me voilà reparti dans la nuit noire en tête de course.
Les minutes défilent et les sensations de fébrilité ne s’estompent pas. Elles sont même accentuées par une difficulté à s’alimenter plutôt gênante pour la suite. Je me force donc à boire plus de boisson Hydraminov, qui m’apporte malgré tout le nécessaire pour poursuivre l’aventure.
 
La descente sur le village de Lamalou me permet de me «refaire » un peu.
Je profite de la puissance d’éclairage de ma SILVA Runner pour dérouler dans les parties techniques sans trop de sollicitation nerveuse, ce qui me permet d’arriver au ravitaillement plus détendu et avec un peu plus d’appétit.
Le  ravitaillement de Lamalou s’impose comme un point clé pour recharger les batteries avant d’aborder les premières pentes du Carroux.
Anne-Sophie et Nicolas sont aux petits soins pour moi. Ils changent l’accu de ma frontale, m’aident à enfiler mon mi-long Skyrace et ma veste Speed Trail , en prévision du fort vent annoncé au sommet du Carroux. Soupe chaude, sandwich sans gluten au chèvre... Ils sont au top, de vrai bijoux mes assistants !!
Antoine présent sur place prend des nouvelles. Il m’informe que les poursuivants commencent à décrocher, ce qui me donne une motivation supplémentaire.
La distance alors parcourue est de 73km.
Je repars à l’attaque du Monstre Carroux et ses trois grosses ascensions, suivies chacune de descentes plus raides les unes que les autres. 
La première « bosse » me permet de me conforter sur le retour de la forme, malgré une douleur importante aux orteils du pied gauche suite à un choc plutôt violent avec un « clapas » (cailloux en occitan). Je la gère tant bien que mal dans la longue descente sur Colombière où les podologues me procureront des soins salvateurs.
J’en profite pour changer de chaussures et abandonne mes Lafuma Trail Run  pour les Speed Trail dans lesquelles mes pieds sont plus au large. 
Grand Raid Occitan : Essai Transformé !
31 Mai et 1er Juin 2013
 
C’est sur les rives du lac du Salagou que débute l’aventure :
Vendredi  31 mai, 18h00. Sous un vent de nord vigoureux, Antoine Guillon et  toute l’équipe organisatrice donnent le départ du Grand raid Occitan, un Ultra trail de 149km pour 7800m+ au caractère bien trempé.
Dernières recommandations et Ludo Collet le speaker historique de l’UTMB enflamme les troupes pour un départ convivial. 
 

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