La Magie des Templiers : croisade des Grands Causses
25 octobre 2012
 

Millau Aveyron, Jeudi 25 d’Octobre de l’an 2012, un air chaud et humide inonde le fond de la Valée du Tarn. Les feuilles roussies par les premiers frimas, se décrochent des arbres et virevoltent au gré du vent. L’Automne, bien installé, ne fait qu’embellir la beauté de ces paysages au caractère rugueux et  du sceau de l’Ordre des Templiers…   
Les gentilshommes ou devrai-je dire les « gentilstrailers » que nous sommes, profitons de nos derniers instants de répits avant de plonger corps et âmes dans la moiteur suave du champ de bataille qui nous attend : L’Endurance Trail
Périple de 100km et 4600 m de dénivelé à travers gorges, causses et sentiers plus rocailleux les un que les autres…  Et gare à celui qui s’y perd ou trépasse : une myriade de vautours fauves, moines ou percnoptères lustrerons leur carcasse tel une victuaille dominicale tant attendue.
 
Vendredi 26 d’Octobre,  4h00 du matin. Le Signal est donné, Era retentit tel un hymne historique local. Des centaines de Traillers partants à l’assaut des Grands Causses tel des guerriers Spartes menant la charge. Illuminés de leurs  « torches » frontales, Ils s’étirent dans la nuit noire tel un serpent lumineux prêt à tout engloutir sur son passage.
Les dieux du ciel ont annoncés depuis plusieurs jours une pluie marquée précédant une vague de froid, et leur prédictions commencent à se montrées justes.
Je décide de rester en retrait dans un premier temps afin de ne pas compromettre mes chances de surmonter ce périple. 
Dans la première difficulté de Carbassas, nous menant sur le Causse Noir, je me retrouve en compagnie de Jérome Chalier et Jean Claude Mathieu, deux compagnons du  « Clan LAFUMA ». Nous Cheminons ensemble au fil des sentes sous une pluie rafraîchissante qui commence à s’intensifier. Une belle descente nous emporte sur le petit village de la Cresse, où nous attend un prompt ravitaillement sous une pluie battante. Je profite  de se moment pour enfiler ma belle toison LAFUMA  «Speed Trail » afin de me mettre efficacement à l’abri des intempéries. Cela me prend un peu de temps, ce qui me fera perdre le contact avec mes coéquipiers.
Maintenant la pluie tombe à sceau. La section suivante du parcours se décompose en deux belles bosses d’environs 500m+ chacune, s’étalant sur environ 25km, et ainsi s’élever par deux fois au dessus du Tarn pour atteindre le Causse Méjean. La dernière descente déboulant sur le village de Mostuejouls et son Ravitaillement.
Dès la fin sévère de la première difficulté je retrouve Jean Claude qui gère son effort. Nous partagerons encore quelques kilomètres de sentiers en compagnie d’Olivier Dubreuil. Mais à l’approche de Mostuejouls, Olivier et moi faisons chemin seuls.
Au Ravitaillement je me déleste de ma très appréciable Frontale « RUNNER » de chez SILVA qui avec ses 550 Lumens pour 62g s’est montrée plus qu’efficace. Parait-il que même la bête du Gévaudan aurait peur de sa puissance lumineuse… !!
Au ravitaillement, mon épouse Anne-Sophie est là pour m’offrir une bonne victuaille revigorante. Je repars en compagnie d’Olivier à la l’assaut d’une montée sèche suivie d’une plongée toute aussi raide dans les gorges de la Jonte. Nous profitons de cette descente pour exprimer nos qualités de montagnard et ainsi récupérer deux places au classement.
Dix kilomètres plus loin nous arrivons au Rozier en 8 et 9ème position.
Un rapide échange de sac et nous voilà repartis toujours ensembles et toujours sous une pluie battante. Nous somme à ce moment à la mi-course.
La portion suivante commence par une longue et plaisante monté alternant parties raides et relances courues où la fraîcheur fait la différence. Et c’est là que plus à l’aise que mon compagnon du moment, je décide d’accentuer mon effort pour partir à la poursuite de mes sept prédécesseurs.
En fin de côte, c’est environs 6 km de Causse Noir qui nous permettent de rejoindre St André de Vézines. Pour un nouveau ravitaillement. 1h20 se sont écoulés depuis le Rozier et je suis en dessous de mes temps prévisionnels. Anne-Sophie m’annonce un concurrent à 5mn environ, Jérôme Chalier et Franck Bussière sont à environ 10mn plus loin.
5 à 6 kilomètres de Causse sont encore à parcourir avant la difficile et longue descente  sur la Roque Ste Marguerite que j’attends avec impatience.
A l’approche de cette dernière, j’aperçois un concurrent qui bascule à 2mn.
Me voici à ses trousses et je ne tarde pas à le récupérer dans ces pentes qui me conviennent bien plus que les chemins de plateaux.
J’arrive à la Roque Ste Marguerite en 7ème position. Il reste 25km et deux grosses difficultés. A ce stade de la course je me dis que rien n’est joué et que si je maintiens mon rythme cela devrait payer !
Ravitaillement éclair et je repars à l’attaque de la sévère côte qui nous mène à Pierrefiche du Larzac : 1,5km d’ascension brutale suivie d’une belle portion de relance à travers le plateau du Larzac et nous voici en bordure des gorges de la Dourbie qui, plâtrées de nuages bas dissimulent toute la splendeur de leur concrétions calcaires.
Une longue descente en fond de vallée me permet de croire encore plus fort en mes chances de remonter au classement… et ainsi à l’approche de Massebiau j’aperçois un coureur et le rejoins rapidement. C’est Bastien Bravet, qui après avoir fait un bout de course en tête accuse le coup…
Je lui propose une aide « alimentaire » (il semble faire une hypoglycémie), mais les aliments que je lui propose (sucrés) ne lui donnent pas vraiment envie.
Nous restons ensemble jusqu’à Massebiau, où débute la dernière et non moindre difficulté.
Des les premiers raidillons l’écart se creuse avec Bastien qui accuse le coup. Il me dit alors de filler et je ne me fais pas prier, le laissant ainsi en pâture aux vautours et autre bête féroces !
La pente est raide, très raide ! La fatigue commence sérieusement à se faire sentir mais le moral est toujours bon et, par conséquent  le rythme aussi.
Je suis alors 6ème à une dizaine de kilomètres de l’arrivée.
Quelques minutes plus tard, qu’elle ne fut pas ma surprise d’apercevoir dans la pente un autre coureur ! C’est mon ami Jérôme qui après avoir fait un long morceau de course en 3 ou 4ème  position avec Franck Bussière , subit à son tour une grosse avarie glycogénique…
Arrivé à sa hauteur, il m’informe être à « sec », je le ravitaille en boisson HYDRAMINOV, et lui fournis une bonne barre chocolatée. Il aime bien le chocolat le bougre, surtout le Suisse !!
Lui proposant de l’accompagner jusqu’au ravitaillement proche, il m’assure que cela ira et m’invite fortement à poursuivre ma course.
Je ne me refais pas prier et file jusqu’au Cade, dernier point de ravitaillement.
Anne-Sophie et Jean Claude Banfi son là et tout heureux de me voir arriver 5ème. Tout en me ravitaillant, je leur signale que Jérôme en difficulté aura besoin d’une bonne collation.
On m’annonce que Franck Bussière n’est pas si loin et accuse lui aussi un début d’hypo !
Je repars aussi sec de plus belle, en me disant que la descente finale du Hibou, très technique est à mon avantage et que s’il a vraiment une avarie, j’ai toutes mes chances de le récupérer avant la ligne d’arrivée !
Je m’emploie donc à fournir un effort au maximum de mes possibilités, et ainsi alimenter la « machine à remonter le temps ». Mais, malgré tout cela je ne reverrais personne jusqu’à l’Arche finale, qui se dessine sous des trombes d’eau.
Je termine donc mon périple sain et sauf en 11h04mn à la 5ème place, tout simplement heureux !
J’aurai pris un plaisir fou à parcourir ces contrées Caussenardes à travers gorges vertigineuses et plateaux rugueux, visitant ainsi en mode « accéléré » une belle région au caractère bien Trempée. 
   
     
 
      
            
 






















RenaudRouanet.fr
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