Mont-Blanc : Maître en ses Lieux
31 aout 2012
Fin août, Chamonix J-1 avant le départ de l'UTMB, le ciel est gris le fond de l'air est frais et des pluies froides,intermittentes, parfois orageuses frappes le sol de millions d'impacts. Goûte d'eau ici flocons et grésil là haut.
Nous sommes en fin de journée et toutes mes pensées vont vers nos copains en course sur la magnifique TDS.
Parties en début de journée de Courmayer, nous avons suivi en live leurs progressions via internet.
Antoine et Lionel sont en deuxième position et font course commune tel un binôme inséparable à la poursuite d'un Dawa des Grand Jours, qui survole les cols et "ride" les pentes sans faiblir.
19h30 Quentin Stephan (compagnon de team Lafuma et de chambrée) et moi même sortons de la conférence de presse pour se restaurer sans tarder afin de profiter au maximum de notre dernière nuit de sommeil avant le" D-Day"...
Certaines modifications de parcours sur la CCC ont déjà été annoncé lors de la conférence, pour des raisons de sécurités liées à la météo.
Début de nuit, nous entendons de nos appartements les arrivées successives de Dawa, grand vainqueur de la TDS et Lionel et Antoine superbes Dauphins.
En effet, nous avons fait le choix, Quentin et moi de ne pas nous égarer au milieu de la foule, féliciter nos compagnons Lafuma'boys pour leur belle course.
Vendredi matin, la météo ne s'est pas arrangée.... Nous apprenons en fin de matinée la douloureuse nouvelle : Course originelle annulée, parcours de replis en font de vallée mis en place....!!!
Énormes déception.
Ce sont des mois de dur labeur, des recos, des stages de préparation, et de nombreux sacrifices qui se retrouvent mis en bascule en quelques secondes ...
Le moral est en berne et l'envie de tout envoyer "bouler" menace, menace...
Aux vues du nouveau tracé, je me rend bien compte que l'Ultra aventure de 100 miles se transforme en un véritable Ultra Spint de 100 km.
Pas vraiment motivant tout ça.
Mais quelques minutes de réflexions accompagnées d’encouragements de mon Épouse Anne-Sophie et des amis présents, suffiront à inverser la "sauce" de pensées négatives qui inonde mes méninges.
S'en suit une difficile chasse aux infos concernant les détails du parcours (ravitaillements, tracés, profil...), puis une réflexion sur un nouveau plan de course. Celui de l'UTMB était bouclé depuis plusieurs semaines...
Anne Sophie et Mickaël sont là pour m'aider à tout reconditionner et réorganiser les ravitaillement et l'assistance.
L’après midi passe vite.
18h00, l'heure de rejoindre la Place du Triangle de L'Amitié qui porte bien son nom, car l'on s'y retrouve tous, compagnons de course de tous niveaux, de toutes origines, et bien entendue les copains du Team Lafuma. Tous ici présents pour une seule et même chose, réaliser un voyage, réaliser son voyage à travers les montagnes, et se réaliser.
Au diable les 65km de moins, les nuages, la pluies, la neige !
Plus qu'une seule chose ne compte maintenant : les 10 dernières secondes et l'explosion musicale libératrice de Vangélis.
Les huit premiers kilomètres se font à "Mac12" un cycliste filmant la tête de course nous annonce que les premiers volent littéralement à 18km/h de moyenne les Gaillants passés !
En Compagnie de Seb Buffart je reste en retrait ne pouvant suivre un tel rythme tout en étant malgré tout un peu trop rapide à mon gout. Nous évoluons ainsi jusqu'aux Houches où le chemin se raidi franchement en direction du col de Voza. les battons sont de sortie.
Le rythme est bon mais je ne suis pas réellement conscient que le cardio reste en permanence aux alentour des 160 puls, soit environs 85% de mes capacités physiologiques.
La pluie absente jusqu'ici, reprend dans la montée de Voza.
la descente sur St Gervais est soutenue et des coliques commence à me contrarier à l'approche du ravitaillement.
Passage "au stand" en mode éclair et direction les Contamines.
La pluie s’intensifie mais l'effort produit annule la sensation de froid. Je progresse maintenant en compagnie de Bastien Bravais. le rythme est bon malgré les coliques qui s'intensifient.
Au ravitaillement j'en profite pour enfiler ma belle veste Speed Trail Lafuma. Une petite merveille de légèreté et de confort qui m'assurera un maximum de protection jusqu'à la ligne d'arrivée.
je prend le temps de m'alimenter correctement grâce aux petits soins de "Mickael copain".
Me voilà reparti en direction de la Balme. Mais les maux de ventre m'obligent un premier arrêt...
Nous courons toujours et encore sur de larges chemins plutôt monotones. La pluies ne cesse pas.
La portion la plus "Montagne" est là sous nos semelles : entre la Balme et le Signal. Une belle averse de neige humide et venté remplace la pluie pendant une petite demi heure. Suit une belle partie technique sur 2 km environs qui me permet de remonter quelques places. Le moral revient d'autant que les maux de ventre me lâchent un peu. Mais passé le Signal le parcours reprend un caractère plutôt très roulant...
Contamines passage 2 : je poursuis ma course en demi teinte, subissant à nouveau les problèmes intestinaux et les baisses de moral qui les accompagnent. Le tout sur des chemins toujours aussi roulants.
La desccente raide et techniques de Bellevue aux Houches me permet de remonter une vingtaine de places. Mais la suite est interminable : une route goudronnée en monté (env. 10%) sur plus de 4.5 km... le coup de grâce !
La suite du parcours jusqu'à Argentière, qui aurai pu être une partie profitable, de par sa technicité et sa raideur, ne sera pour moi que la suite logique de mes mésaventures.
Ce ne sera qu'à Argentière, dernier ravitaillement que j'aurai un grand plaisir à terminer la course en compagnie de Yan balducheli (avec qui j'avais partagé un long moment d'aventure sur les sentiers du Trail de Verbier).
Nous parcourons ainsi les 10 derniers kilomètres à plus de 10km/h de moyenne, avec pour objectif d'arriver à Chamonix en moins de 14h.
Nous y serons en 13h49 mn. en 46ème position.
Cet UTMB 2012 restera pour moi un grande déception, tant morale que sportive. D'autant que la récupération s’avère difficile pour selon.
Depuis, les sensations sont de retour, et, après une période de doute je me sens ultra motivé pour finir la saison sur une course qui m'est chère: Les Templiers version Endurance Trail.